Elle est domestique en Arabie saoudite, chez des princes.
Au bout de 3 annees et 10 mois de mauvais traitements, elle a fui lors d’une escale a Paris
Par Isabelle Monnin
Une affiche de campagne du Comite contre l’esclavage moderne (DR)
“J’ai 29 ans et Mary n’est nullement mon bon prenom, mais j’ai peur qu’on me reconnaisse. La majeure partie de mes proches ne savent pas grand chose de et cela m’est arrive, je ne voudrais pas leur faire de peine. Autrefois j’avais des reves. J’ai voulu savoir le droit ou devenir infirmiere, J’ai voulu etre une femme independante. J’ai grandi dans la banlieue de Mombasa, la deuxieme metropole du Kenya, avec mes parents, mon grand frere et ma petite soeur. Mes parents – mon pere reste mecanicien et la tante ne collabore jamais – ne gagnent pas assez concernant payer des etudes.
Lorsque je decroche mon bac a 18 annees, je comprends que mon pere a votre plan me concernant. Loin de l’universite : il a promise a un de l’ensemble de ses amis, un “vieux” qui veut Realiser de moi sa quatrieme epouse, en echange de tunes. Je ne souhaite aucune votre life, je la repousse de toutes mes forces. Mon pere ne regroupe nullement. C’est un homme severe, qu’on ne conteste pas, c’est tel ca depuis que j’habite petite : s’il evoque quelque chose, on le fait.
Si mon pere reste mecontent, il nous frappe avec 1 baton
Ma mere n’est pas toujours d’accord mais elle ne est en mesure de pas grand chose y changer, il reproduit dans nous votre qu’il a connu enfant : lorsqu’il est mecontent, il nous frappe avec 1 baton ou avec un tuyau en caoutchouc. Mon grand frere, qui s’est rebelle, a quitte la maison pour aller a la capitale, Nairobi. Je vais partir moi aussi, moi qui n’ai jamais eu le droit de sortir seule dans la rue, j’ai envie designer ma vie.
Une de les amies a travaille en Arabie saoudite. Elle est en mesure de m’aider a tomber sur une activite la-bas, le temps de gagner de quoi payer mes etudes. Sans rien dire, je prepare mon commencement. Une famille cherche votre professeur d’anglais pour deux ans. Ce sont de lointains parents du roi Fahd. On nos appelle prince et princesse. Ils sont prets a payer notre billet d’avion et a me fournir votre visa.
Je mets des affaires dans un sac, je prends mon passeport, que ma tante vais garder avec les papiers de la famille dans un tiroir de sa chambre, et je vais sans laisser d’explication. Le car jusqu’a Nairobi puis l’aeroport. C’est la toute premiere fois que je prends l’avion. Je ne cesse de pleurer. Au miroir des toilettes, les yeux sont gonfles et rouges.
“Je ne sais jamais que j’entre en prison”
A Riyad, 1 policier me demande mon passeport. Je le lui tends. A votre jour, je ne l’ai jamais retrouve. Il le donne a celui qui vient me chercher, un homme tres grand et tres noir – c’est idiot mais ca me surprend qu’il soit si fonce. Il semble l’un des chauffeurs, il ne cause jamais anglais, aussi nous restons silencieux pendant le trajet jusqu’a la maison. Je regarde par la fenetre cette ville totalement vide. J’imagine a mes parents, je me repete : ‘Tu fais un tantinet d’argent et tu rentres au Kenya.’ Je ne sais pas que j’entre en prison.
Une femme me designe la chambre : votre compartiment dans un conteneur separe en trois pieces. Je partagerai la mienne avec une Philippine. Deux autres employees, une autre Philippine et une Sri-Lankaise, dorment a cote. Pres des chambres, une simple salle de bains, aucune fenetre, juste une ouverture pour la climatisation.
La maison est immense. Des salons, des chambres, des canapes, des tapis, des meubles a n’en plus finir. Vivent ici un couple et ses sept enfants, quatre meufs et trois garcons. Notre princesse m’explique que j’dois m’occuper de deux de ses meufs, agees de 13 et 15 ans, tel une mere le ferait : nos nourrir, nos habiller, les accompagner partout, m’occuper de leurs affaires, etre a leur disposition 24 heures sur 24.
“J’ai princesse nous gifle”
Les journees debutent a 5 heures du matin. Je prepare leur petit dejeuner, je les reveille et je les habille. Oui, aussi adolescentes, elles ne s’habillent jamais seules. J’ai premiere fois, la plus jeune a dit : ‘Mets-moi mes chaussettes, depeche-toi !’ Ensuite, nous partons a l’ecole. envie d’un site de rencontre avec artistes La famille possede six voitures, des grosses cylindrees, mais personne sauf le prince ne doit etre seul avec son chauffeur. Je porte leurs cartables, des monte jusqu’a leurs classes. Puis je revient faire la vaisselle. Je sais que la princesse passera son doigt pour verifier qu’il ne est jamais un grain de poussiere.
Notre plus penible, c’est votre lessive. La machine est vetuste. On doit faire le rincage a mon tour, ca te prend des heures et l’eau est glacee. La buanderie est sur le toit en maison. En hiver, on gele. En ete, la chaleur reste si insupportable que nous sommes en sous-vetements. Nous n’avons gui?re le droit de laver nos affaires dans la machine, devant nous contenter du lavabo. Parfois nous trichons bien sur mais l’une d’entre nous, je ne sais gui?re pourquoi, nous denonce. La princesse nous gifle.
